Un road-trip 100 % français, c’est l’idée originale de Nicolas et Julien ! Pour découvrir les routes françaises, ces deux vadrouilleurs ont choisi LA voiture frenchie par excellence. Une magnifique Renault 4L de 1989. Voici le récit de leur aventure, de l’achat de Simone jusqu’à leurs plus belles rencontres !
Bonjour aux lecteurs de Passport Diary, merci de nous accueillir sur vos pages. Nous sommes Nicolas & Julien, deux blogueurs de 35 ans chacun en voyage depuis 2015. Nous venons de Paris, où nous nous sommes rencontrés en 2015 grâce à une application de rencontre.
Ce fut Lepoint2départ de notre histoire d’amour et d’une multitude de voyages autour du globe. Nicolas était directeur de restaurant et Julien attaché de presse culture. Nous avons tout quitté début 2019 pour un tour du monde sur plusieurs années.
L’aventure s’est arrêtée en raison d’une blessure de Julien, juste avant la crise sanitaire de la COVID-19 qui nous aurait de toute manière obligés à rentrer !
Après ce retour brutal et précipité en France, il nous a fallu nous retourner et nous poser la question de « que faire maintenant ? ». Comme l’ensemble de la planète, nous étions à l’arrêt et totalement démunis face à cette situation inédite.
Mais pas de double peine, car hormis la blessure de Julien qui aurait pu nous stopper dans notre lancée, le fait que le monde entier soit dans une même situation aide à relativiser sur l’impossibilité de voyager. Du coup, le confinement a été très bénéfique pour nous. Repos, récupération physique, rééducation à la maison, refonte totale de notre blog, formations en ligne, et c’est dans ces moments que l’idée d’un road trip a germé.
Nous avions l’idée pour notre retour de Tour du monde d’acheter, retaper et voyager avec un véhicule pour tenter l’expérience de la vanlife. Pas forcément en France d’ailleurs mais en Europe, où la vie peut être un poil moins chère ! Mais ce virus est venu chambouler tous nos plans, et il a fallu s’adapter !
Comme voyager à l’étranger était compliqué à cause de l’épidémie nous avons rapidement eu l’idée de faire un road trip 100% français. Pour le véhicule, nous avions déjà en tête des véhicules de type Renault Estafette ou Peugeot J9.
Mais aménager un van coûte un petit billet – en plus de demander du temps pour le réaliser – et ce n’est pas l’idéal pour un road trip prévu pour seulement quelques mois. Aménager un van et y vivre dedans à l’année est un bon investissement. Mais pour un road trip estival, dans l’attente de pouvoir repartir en Tour du monde dès que possible, cela aurait été une petite folie…
Du coup, nous avons fait le choix de nous rabattre sur une voiture ancienne, étant passionnés de vieilleries vintage, et de partir sur la route avec un véhicule emblématique. Quoi de mieux que LA voiture la plus vendue de l’histoire de l’automobile française pour ce road trip 100% français ?
De l’idée à l’achat du véhicule, il a fallu faire preuve de patience car en temps de confinement il n’est pas évident de trouver l’annonce et de pouvoir se déplacer pour récupérer un véhicule. Après 3 mois sur la route avec notre Simone, nous ne regrettons absolument pas notre choix, la Renault 4L étant une voiture facile à manier et hyper fiable.
Nous avons acheté notre Renault 4L fin mai et l’avons de suite mise au garage pour une révision complète. A l’achat, elle ne passait pas au CT, deux points de corrosion connus restaient à corriger afin de garantir toute la sécurité nécessaire sur la route.
Entre la révision mécanique complète, le remplacement des pièces et de l’ensemble des filtres, les retouches mécaniques, le nouveau CT à passer, l’achat et l’aménagement de la galerie de toit, la sérigraphie ou encore la logistique propre au voyage (élaboration de l’itinéraire et achat de l’équipement nécessaire au bivouac), nous étions prêts à prendre la route le 14 juillet, encore un jour symbolique.
En gros, l’idée du projet a germé dans nos têtes mi-avril, en plein confinement, et 3 mois après nous étions sur la route. Il ne faut pas griller les étapes et négliger l’étape de la révision mécanique, c’est elle qui vient garantir que tout se passera bien sur la route !
Et là-dessus, nous avions la chance d’être épaulés par le garage FBA automobiles à Arbouans, qui a fait un travail de dingue ! On les remercie encore !
La 4L attire forcément les regards ! Ce n’est pas vraiment le véhicule qui te fait passer discrètement dans les villages. Mais c’est touchant de voir les regards amusés des gens sur notre route ou encore le nombre impressionnant de personnes qui sont venues à notre rencontre pour nous raconter leur 4L.
On a tous connu quelqu’un qui a eu une Renault 4L. Sur la route, nous avons ainsi recueilli des dizaines de témoignages de personnes qui dans leur vie ont conduit ou connu une 4L. C’est un véhicule qui ouvre le dialogue et qui attire une grande sympathie. Et ce fût le plus touchant ! Partout où nous sommes passés, nous avons reçu un accueil hyper bienveillant et chaleureux !
Sans parler des agriculteurs, très accueillants et amusés de voir deux jeunes débarquer dans leurs champs avec Simone. Les vaches, par contre, avaient parfois des regards de travers de voir une telle voiture plantée dans leur champs ! Mais que ce fût drôle !
Nous avions également apposé une sérigraphie très légère et discrète mentionnant sur la vitre arrière l’adresse de notre blog voyage www.lepoint2depart.com et les icônes de nos réseaux sociaux. On a reçu des dizaines de photos de gens qui ont reconnu Simone sur la route et qui suivent désormais nos aventures sur la toile.
Étonnamment, les pièces des Renault 4L se trouvent encore très facilement, via des sites spécialisés. Nos mécaniciens ont ainsi pu remplacer l’ensemble des pièces qui devaient l’être afin de redonner un coup de jeune à Simone.
Ce sont de vieilles voitures et donc il faut les faire tourner pour ne pas qu’elles s’encrassent ! Côté mécanique, nous ne pouvions pas partir de plus bas ! A part vérifier les niveaux, refaire la pression des pneus ou à la rigueur changer une roue, nous n’avions jamais vraiment mis les mains dans un moteur.
Mais grâce à la formation express de nos mécaniciens, nous avions quelques réflexes en prenant la route et une meilleure idée de la composition d’un moteur. Nous avons téléchargé la notice officielle de la Renault 4L avant de partir, et elle s’est révélée plutôt utile pour trouver les réponses à nos questions. Au final, nous n’avons eu que 2 ampoules à changer en 3 mois ! Robuste la Simone !!
Qui dit Renault 4L, dit exit la technologie ! Pas plus mal pour faire des économies dans l’entretien du véhicule, mais forcément pour te déplacer c’est plus rock’n’roll !
Du coup, on te conseille de partir sur la route avec un bon atlas routier à jour. Ça remplace le GPS et ça te permet de découvrir des routes de campagne beaucoup plus agréable à parcourir avec un tel véhicule !
Ensuite, un Jerrican d’eau, que tu peux recharger facilement dans les cimetières. L’eau sert dans énormément de circonstances (hygiène & cuisine en première ligne), et dans le cadre d’un road trip c’est indispensable d’en avoir suffisamment chaque jour !
Enfin, dans le même ordre d’idée, une bassine pliable, qui elle aussi sert dans énormément de circonstances ! Ça ne prend pas beaucoup de place et c’est vraiment l’accessoire qu’on a le plus utilisé en 3 mois sur la route. L’avantage d’une Renault 4L est que le coffre est petit donc tu ne pourras de toute façon pas partir trop chargé !
Il n’y a pas de secrets : nos économies ! En dehors des voyages, nous travaillons beaucoup, et c’est notre capacité à épargner qui nous offre aujourd’hui la liberté de voyager selon nos envies. Tout est une question de choix ! Cela fait des années que nous n’achetons plus de vêtements, de matériel futile ou que nous ne dépensons plus notre argent sans réflexion. On tend vers une forme de minimalisme et on essaie de réfléchir à l’utilité de chaque achat. Quand tu fais ce pas vers la raisonnabilité, tu te rends compte que tu peux vite mettre pas mal d’argent de côté. Travailler en voyageant n’est pas à l’ordre du jour, car nous préférons profiter à 100% quand nous voyageons.
Simone est beaucoup trop petite pour qu’on dorme dedans ! Tu imagines deux grands dadais comme nous dans une Renault 4L ! Du coup, nous avons une tente pour faire du bivouac. Ce fût donc l’occasion de découvrir le bivouac en France et de dormir pour la première fois de nos vies dans une tente en pleine nature.
Hormis la première nuit, où nos angoisses nous ont offert 2/3 heures de sommeil, le reste du séjour a été beaucoup plus réparateur et nous avons même fini par prendre goût à cette liberté extraordinaire qu’offre le bivouac.
C’est quand même génial de pouvoir poser ta tente au gré de tes envies et de ton avancée, dans le respect bien sûr des lieux visités, de la vie sauvage ou de la vie civile. Discrétion et respect sont les maîtres mots dans cet exercice !
C’est là où le Jerrican d’eau et la bassine pliable sont tes meilleurs amis ! Nous avons embarqué un shampoing solide et un gros savon de Marseille (le vrai hein !), et en avant les toilettes de chat le matin.
Le soir, à l’abri des regards, nous nous lavions de la même manière, nus comme des vers dans les champs, en nous rinçant avec le Jerrican directement. Nous avions embarqué une douche solaire qui s’est révélée pas si pratique que ça à l’usage. Rien ne vaut la bonne vieille méthode de la bassine d’eau, simple et efficace !
Pour les besoins, directement dans la nature. Nicolas a dû aller 2 fois à la selle dans la nature, en prenant bien soin d’utiliser un papier écologique biodégradable et d’enterrer ses déjections. Le respect passe aussi par les traces qu’on peut laisser derrière soi ! De mon côté, j’ai réussi à caler mon transit sur les cafés du matin que nous prenions dans les établissements.
Je n’ai jamais eu en 3 mois à faire mes besoins dans la nature. Le mieux est de toujours avoir un paquet de mouchoirs écologiques avec toi, ainsi tu seras paré au cas où une envie pressante venait à te prendre !
Nous avions embarqué un réchaud Campingaz, qui s’utilise avec des cartouches de gaz qu’on trouve partout. Nous avions une cafetière italienne pour le café du matin et une casserole pour le reste des repas à préparer.
Chaque jour, nous achetions au marché ou dans les commerces de proximité des fruits et légumes frais. Agrémentés de féculents, cela faisait des repas équilibrés et qui tenaient au corps après les longues journées de marche à découvrir la France.
Honnêtement, nous ne regrettons absolument pas notre choix de véhicule ! Si c’était à refaire, nous ferions exactement la même chose. Nous nous sommes beaucoup attachés à notre Renault 4L, si bien que Simone va passer l’hiver au chaud, avant de reprendre du service en 2021 si la situation le permet !
C’est le sentiment de liberté extrême et totale que procure ce mode de vie qui offre selon nous l’expérience de voyage la plus complète. En plus de découvrir en profondeur un pays, une région, un village, tu peux t’arrêter où bon te semble, au gré de tes envies et là où ton cœur te guide.
Depuis 2018, nous avons choisi de voyager plus lentement et de réduire drastiquement notre usage de l’avion. Le « slow travel » n’est pas une mode pour les voyageurs qui l’adopte. C’est une façon d’envisager le voyage, l’expérience du voyage, et de remettre le temps dans une dimension réaliste.
La vie nous pousse à vivre toujours plus vite, les comparateurs de vols à enchaîner les vols low-cost, les guides voyage à enchaîner les TOP 10 des plus beaux monuments… mais en réalité est-ce ça voyager ? Voyager ce n’est pas aller quelque part mais vivre quelque chose. Avec ce road trip, nous savons que même en 3 mois nous n’avons pas pu tout voir, mais nous avons vécu une véritable expérience. Et c’est ça le plus important pour nous !
Nous n’avons pas expérimenté la vanlife suffisamment longtemps pour que notre ressenti puisse avoir une forme de pertinence. Mais à notre tout petit niveau, après 3 mois passés à temps plein sur la route, nous dirions que le nomadisme peut à la longue être un mode de vie fatiguant.
Tu es toujours en mouvement, à réinventer ton cadre de vie, à organiser ton intimité dans un cadre exiguë ou à devoir composer avec les aléas de la météo. Ce n’est vraiment pas un mode de vie de tout repos, encore plus pour celles et ceux qui ont fait de leur van des studios de création mobiles.
Travailler sur la route et voyager en même temps n’est pas une équation facile à résoudre. Cela demande organisation et discipline. Cela te force aussi à ralentir et à te poser plusieurs jours au même endroit. Mais comme dans tous les choix de vie, il faut savoir où on place le curseur du négatif pour avoir la vie qu’on a envie de vivre.
Comme tu le dis, rien n’est parfait et il y a autant de façons de vivre que de profils de voyageurs, et c’est rassurant quelque part de voir qu’en 2020 on peut avoir la liberté d’envisager sa vie différemment du prisme que nous renvoie la société. Personnellement, entre consumérisme et minimalisme, on sait aujourd’hui de quel côté nous sommes les plus heureux !
Un conseil qu’on donne comme un mantra qu’on essaye de nous appliquer à nous-mêmes : n’essaye pas de TOUT verrouiller avant le départ et arrête d’angoisser ! Un road trip est par définition une aventure. Il faut te laisser porter par la route, la vie, ton cœur. On a encore fait l’erreur avant ce départ de vouloir faire un itinéraire trop précis… en réalité, la météo nous a obligé à tailler dedans et à accélérer régulièrement pour passer entre les gouttes.
En gros, fais toi confiance, charge ton coffre avec l’indispensable et prends le volant ! Généralement, tout se passe très bien et il te suffit de partir pour te rendre compte que tes angoisses n’étaient pas justifiées. Notre conseil est donc de FAIRE, sans se poser trop de questions !
Pour la Renault 4L, si tu es prêt à rouler lentement, à caler 10 fois dans les montées, à te passer de la technologie, de la direction assistée, de la climatisation et même de la radio, à entendre le moteur gronder ou les amortisseurs siffler, alors n’hésite pas à tenter l’expérience ! La voiture se prend hyper vite en mains et te procurera des sensations que seule une vieille voiture peut t’apporter. Nous, en tous cas, on a adoré et on en redemande !
Il faudrait passer plus de temps sur la route et voyager encore plus lentement pour véritablement pouvoir nous faire des amis dans ce cadre. Lors de ce road trip de 3 mois, nous avons enchaîné 13 000 kilomètres et changions de village plusieurs fois par jour ! Difficile dans ces conditions de se faire des amis, rencontrer du monde ou même croiser certains de nos followers. Mais certains ont quand même réussi à croiser la route de Simone et à venir nous saluer.
Mais nous avons quand même vécu 5 moments très sympas : à Metz déjà où Jordan de « thousandstrangers » sur Instagram a fait le déplacement jusqu’à nous pour partager un café autour d’échanges passionnés et passionnants.
En Champagne, où les grands-parents d’un ami nous ont reçu en grande pompe comme ils l’auraient fait pour leur propre petit-fils et avec lesquels nous avons enchaîné les fous rires durant 48h. L’Aquitaine ensuite, où Chloé & Gürkan du duo « vanlifegoeson » sur Instagram..
Puis à Bayonne, où nous avons rencontré Perrine & Max de « effetmertravelers ». Et enfin, dans le village de Collioure dans lequel nous avons rencontré l’un de nos followers, Léo, qui s’est gentiment proposé de nous faire la visite guidée de son village et de nous héberger pour la nuit afin que nous n’ayons pas à dormir dehors sous la pluie.